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alors le nom de rue d’Angoumois. Sa largeur fut fixée à 7 m. 60 c. — Claude Charlot, qui de pauvre paysan du Languedoc devint riche financier, ayant fait bâtir plusieurs maisons dans cette rue, le peuple lui donna le nom de Charlot. En 1694 cette voie publique fut prolongée depuis les rues Vendôme et Boucherat jusqu’au boulevart ; l’administration donna alors à cette nouvelle partie le nom de rue Bosc. — Claude Bosc, seigneur d’Ivry-sur-Seine, procureur-général de la cour des aides, fut élu prévôt des marchands le 16 août 1692 et remplit cette importante fonction jusqu’au 16 août 1700. Il fut nommé conseiller d’État. Le nom de Bosc fut bientôt oublié, et le peuple s’obstina à donner à toute cette voie publique la dénomination de rue Charlot que le temps a consacrée. — Une décision ministérielle du 14 thermidor an VIII, signée L. Bonaparte, avait fixé la moindre largeur de cette voie publique à 8 m. Cette moindre largeur a été portée à 10 m. en vertu d’une ordonnance royale du 6 février 1828. Les maisons nos 4, 45 et 47 ne sont pas soumises à retranchement ; le surplus des constructions du côté des nos impairs devra reculer de 1 m. 10 c. à 1 m. 70 c. La maison no 2 devra reculer de 1 m. 30 c. ; celles de 6 à 24, retranchement de 80 c. à 1 m. 10 c. enfin la propriété no 26 est assujettie à un reculement de 2 m. 20 c. — Conduite d’eau depuis la rue Boucherat jusqu’au boulevart. — Éclairage au gaz (compe Lacarrière).

Charonne (rue de).

Commence à la rue du Faubourg-Saint-Antoine, nos 65 et 67 ; finit aux chemins de ronde des barrières de Fontarabie et de Montreuil. Le dernier impair est 203 ; le dernier pair, 184. Sa longueur est de 1607 m. — 8e arrondissement. Les nos 1 à 15 et tous les pairs sont du quartier du Faubourg-Saint-Antoine ; les nos 17 jusqu’à 203 font partie du quartier Popincourt.

Ce n’était qu’un chemin sous le règne de Louis XIII. Cette voie publique doit son nom au village de Charonne auquel elle conduit. — Une décision ministérielle du 18 messidor an IX, signée Chaptal, fixa la moindre largeur de cette voie publique à 12 m. Cette moindre largeur est portée à 14 m., en vertu d’une ordonnance royale du 6 mai 1827. Les constructions ci-après ne sont pas soumises à retranchement : 11, 19, 21, 23 ; les deux encoignures de la rue Neuve-Lappe, 39, 73, 75, 95, 97, 99, 135, 145, 149, 163, 165, de 2 à 18 inclusivement, 40, 58, 92, de 138 à 146, 168, 170, 172 et 174. — Égout depuis la rue du Faubourg-Saint-Antoine jusqu’à la rue Basfroi. — Conduite d’eau dans presque toute l’étendue. — Éclairage au gaz (compo de Belleville).

Au no 86 est située l’entrée de la communauté des Filles de la Croix. Ces religieuses de l’ordre de Saint-Dominique habitèrent d’abord une maison dans le faubourg Saint-Marcel. En 1636 elles s’établirent dans la rue Plâtrière (aujourd’hui Jean-Jacques Rousseau), puis dans la rue Matignon du Louvre ; Le 21 juin 1639, ces religieuses achetèrent une maison située rue de Charonne, où elles firent construire un monastère qu’elles vinrent occuper au mois d’août 1641. Mademoiselle Ruzé d’Effiat fournit aux frais de ce dernier établissement, dont elle est considérée à juste titre comme fondatrice. Son cœur a été déposé dans le sanctuaire de l’église. Ce couvent, supprimé en 1790, devint propriété nationale, mais ne fut point aliéné.

Le 17 mars 1817, les religieuses de la Croix rentrèrent en possession de leur couvent.

Au no 88, on voyait l’entrée de la communauté des religieuses de la Madeleine de Trainel. Elle fut fondée en Champagne au lieu dit de Trainel, vers le milieu du XIIe siècle. En 1654, elles achetèrent une grande propriété située dans la rue de Charonne et y firent bâtir une chapelle dont la reine Anne d’Autriche posa la première pierre. Ces religieuses étaient soumises à la juridiction de l’archevêque ; le garde-des-sceaux d’Argenson fut un de leurs bienfaiteurs. Ce magistrat augmenta les bâtiments et les revenus de ce couvent, fit décorer l’église, et suivant ses dernières volontés son cœur fut déposé dans la chapelle de Saint-Réné. Dans la suite la duchesse d’Orléans, qui avait fixé son séjour dans cette maison, y fit construire plusieurs vastes bâtiments. Cette communauté, qui contenait en superficie 16 153 m., fut supprimée en 1790, devint propriété nationale, et fut vendue le 5 brumaire an X.

Au no 95 était situé le prieuré de Notre-Dame de Bon-Secours. Il fut fondé en 1648 par la dame Claude de Bouchavanne, veuve du sieur Vignez, conseiller du roi. Ayant obtenu l’autorisation nécessaire, elle acheta une maison située dans la rue de Charonne et y plaça en qualité de prieure Madeleine-Emmanuelle de Bouchavanne, sa sœur, qui avait été religieuse au monastère de Notre-Dame de Soissons. Cet établissement fut approuvé en juillet 1667, par lettres-patentes enregistrées le 16 mai 1670. L’église et le couvent réparés, agrandis en 1770 et 1780 par l’architecte Louis, furent supprimés en 1790. Devenue propriété nationale cette maison religieuse qui contenait en superficie 13 502 m., fut vendue en deux lots les 21 floréal an VIII et 5 brumaire an X. Dans les bâtiments de ce monastère, un des hommes dont l’industrie française doit le plus s’honorer, Richard-Lenoir créa un magnifique établissement destiné à la filature du coton, et concourut noblement à affranchir son pays du tribut qu’il payait à la fabrication étrangère. Aussi l’empereur dans les courts instants qu’il dérobait à sa gloire militaire, voulut-il récompenser dignement l’habile filateur.

Un jour il se rendit, accompagné de sa famille, à une fête magnifique préparée par Richard-Lenoir. Là, l’empereur, après avoir complimenté l’honorable fabricant, lui remit lui-même la décoration de la Légion d’Honneur, en ajoutant ces paroles flatteuses « Nous avons fait l’un et l’autre une rude guerre à l’industrie anglaise, mais jusqu’à présent le fabricant a été plus heureux que l’empereur. » — Les événements