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ment, l’occasion de s’acquitter d’un vœu qu’ils avaient fait à la bataille de Bouvines, lorsque passant sur un pont et voyant Philippe-Auguste en danger, ils promirent de bâtir une église, si Dieu sauvait le roi.

Les sergents d’armes, après avoir obtenu le consentement de Guillaume, évêque de Paris, bâtirent l’église sur une partie du terrain qui avait été donné aux chanoines du Val-des-Écoliers.

Deux pierres scellées sur le portail, rappelaient la fondation de cette église. D’un côté, on voyait le roi saint Louis, entre deux archers de sa garde, tenant chacun une massue ; et de l’autre, un chanoine régulier, revêtu de sa chape, ayant près de lui deux hommes armés de pied en cap.

Les inscriptions portaient :

À la prière des sergents d’armes, monsieur sainct Loys fonda ceste église, et y mist la première pierre. Ce fust pour la joie de la vittoire qui fust au pont de Bovines, l’an 1214. Les sergents d’armes pour le temps gardaient le dit pont, et vouèrent que si Dieu leur donnait vittoire, ils fonderaient une église en l’honneur de madame saincte Katherine ; ainsi fust il.

La maison de sainte Catherine fut considérée plus tard comme le collége de tout l’ordre du Val-des-Écoliers. Les jeunes religieux qui l’habitaient furent admis aux degrés de l’Université.

L’église, achevée en 1229, servit aux sergents d’armes et aux chanoines réguliers. Après les funérailles de chaque sergent, son écu et sa masse étaient suspendus à la voûte de l’église. — Le dernier jour de juillet 1358, Étienne Marcel, prévôt des marchands, voulant livrer Paris aux troupes de Charles-le-Mauvais, roi de Navarre, fut tué près de la première porte ou bastille Saint-Antoine d’un coup de hache-d’armes, par Jean de Charny. Le cadavre du prévôt et ceux de ses complices, au nombre de cinquante-quatre, furent exposés devant l’église Sainte-Catherine-du-Val-des-Écoliers. — Le général de cette congrégation introduisit la réforme dans ce prieuré et dans toutes les maisons qui en dépendaient. Le 25 avril 1629, le père Faure, premier supérieur-général, instituteur d’une nouvelle congrégation de chanoines de la réforme de Sainte-Geneviève, passa un contrat avec les religieux de Sainte-Catherine, et prit possession de leur couvent. Cette maison, gouvernée alors par un prieur, servait de noviciat à ceux qui aspiraient au titre de chanoine régulier. Le portail de l’église Sainte-Catherine avait été élevé sur les dessins du père de Creil, chanoine de Sainte-Geneviève, architecte assez célèbre, né en 1633, et mort en 1708. — Par lettres-patentes du 23 mai 1767, le roi ordonna que les religieux de Sainte-Catherine feraient en son nom l’acquisition de l’église, terrain, bâtiments et dépendances, formant ci-devant la maison-professe des jésuites, et qu’ils seraient tenus d’y habiter et demeurer à perpétuité. Sa majesté décida, en outre, qu’aussitôt cette translation opérée, il serait établi sur l’emplacement du prieuré de la Couture, un marché en remplacement de celui qui se tenait dans la rue Saint-Antoine. Le célèbre architecte Soufflot était chargé de fournir les dessins du nouveau marché. La démolition des bâtiments du prieuré eut lieu de 1773 à 1774. Cependant l’église subsistait encore en 1777, lorsque de nouvelles lettres-patentes, données à Fontainebleau le 18 octobre, ordonnèrent la démolition de cet édifice et la vente aux enchères des terrains du prieuré. Ces mêmes lettres-patentes ordonnèrent également que les deniers provenant de cette aliénation seraient destinés à la construction de la nouvelle église Sainte-Geneviève. Les adjudicataires devaient procéder immédiatement à la construction du nouveau marché et à l’ouverture de plusieurs rues pour en faciliter l’accès, conformément au plan dressé par Soufflot. Les dispositions qui précèdent ne furent point exécutées, et le 6 octobre 1781, sa majesté ordonna l’exécution d’un nouveau plan tracé par le sieur Brébion, architecte. Ce plan fut encore modifié. Enfin des lettres-patentes du 15 février 1783 reçurent leur pleine et entière exécution. Le 20 avril de la même année, M. Dormesson, contrôleur-général des finances, posa la première pierre du marché. Les voies publiques qui furent formées sur l’emplacement du prieuré de Sainte-Catherine, sont : la place du Marché, les rues Caron, Dormesson, Ducolombier, Jarente, Necker, et l’impasse de la Poissonnerie.

Catherine (place du Marché Sainte-).

Commence à la rue Dormesson, nos 4 et 8 ; finit à la rue Caron, nos 1 et 2. Le dernier impair est 9 ; le dernier pair, 8. — 8e arrondissement, quartier du Marais.

Formée en vertu des lettres-patentes du 15 avril 1783, cette place a été exécutée en 1784, sur l’emplacement du prieuré royal de la couture Sainte-Catherine. — Une décision ministérielle du 22 juillet 1823 a maintenu cette place dans son état actuel. Sa largeur est de 29 m. — Conduite d’eau. Éclairage au gaz (compe Parisienne). (Voyez l’article précédent.)

Catherine (rue Culture-Sainte-).

Commence à la rue Saint-Antoine, nos 99 et 101 ; finit à la rue du Parc-Royal, no  1. Le dernier impair est 29 ; le dernier pair, 54. Sa longueur est de 386 m. — Les impairs, de 1 à 23 inclusivement, sont du 7e arrondissement, quartier du Marché-Saint-Jean ; de 25 à la fin et tous les pairs, 8e arrondissement, quartier du Marais.

Dans les actes du XIIIe siècle, elle est nommée Culture et Couture-Saincte-Katherine. De la rue des Francs-Bourgeois à celle du Parc-Royal, elle est indiquée sur quelques plans sous le nom de rue du Val. Sa dénomination lui vient des chanoines réguliers de