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Charpentier (rue).

Commence à la rue du Gindre, nos 8 et 10 ; finit à la rue Cassette, nos 9 et 11. Le dernier impair est 9 ; le dernier pair, 6. Sa longueur est de 78 m. — 11e arrondissement, quartier du Luxembourg.

Un procès-verbal de 1636 la désigne sous le nom de Charpentier. Un autre de 1640 l’appelle rue Charpentière. Une décision ministérielle du 26 thermidor an VIII, signée L. Bonaparte, fixa la largeur de cette voie publique à 7 m. Cette largeur est portée à 10 m. en vertu d’une ordonnance royale du 12 mai 1841. La maison no  4 est alignée ; les autres constructions sont soumises à un retranchement de 3 m. 60 c. environ.

Carreaux (rue des Petits-).

Commence aux rues du Cadran, no  2, et Saint-Sauveur, no  38 ; finit à la rue de Cléry, nos 44 et 46. Le dernier impair est 47 ; le dernier pair, 50. Sa longueur est de 228 m. Les numéros impairs sont du 3e arrondissement, quartier Montmartre, et les pairs sont du 5e arrondissement : de 2 à 22 inclusivement, quartier Montorgueil ; de 24 à la fin, quartier Bonne-Nouvelle.

Les plans de Boisseau, de Gomboust, de 1652, ne la distinguent point de la rue Montorgueil ; mais le Censier de l’évêché de 1575 indique une maison située dans la rue Montorgueil, au lieu dit les Petits-Carreaux. La partie de cette voie publique qui avoisine la rue Poissonnière, s’appelait, en 1637, rue des Boucheries. Son nom actuel lui vient d’une enseigne des Petits-Carreaux, qu’on voyait encore il y a quelques années sur la boutique d’un marchand de vin. — Une décision ministérielle à la date du 3 ventôse an X, signée Chaptal, a fixé la moindre largeur de cette voie publique à 11 m. 50 c. Les maisons nos 5, 7, 2 et 12 sont alignées, celles nos 1, 3, 21, 23, 25, 27, 29, 31, 33, 35 ; 4, 6, 8 et 10 ne sont assujetties qu’à un léger redressement. Les propriétés de 14 à 36, inclusivement, devront, pour exécuter l’alignement, avancer sur leurs vestiges actuels. — Égout entre les rues du Cadran et de Bourbon-Villeneuve. — Conduite d’eau dans toute l’étendue. — Éclairage au gaz (compe Française).

Carrousel (place du).

En face du palais des Tuileries. — 1er arrondissement, quartier des Tuileries.

C’était autrefois un terrain vague qui existait entre les anciens murs de Paris et le palais des Tuileries. On y traça en 1600 un jardin qui plus tard fut nommé le jardin de Mademoiselle, parce que mademoiselle de Montpensier habitait le palais des Tuileries et possédait ce jardin, qui fut détruit en 1655. Louis XIV choisit cet emplacement et voulut y donner, les 5 et 16 juin 1622, une fête ou spectacle composé de courses et de ballets. Cette fête, nommée Carrousel, donna son nom à cette place. « Le roi, à la fleur de l’âge (dit Félibien, auquel nous empruntons ce récit), invita ceux de son sang, et les premiers officiers de ses troupes, à une course de bagues et de têtes, organisée suivant le projet imaginé par son ingénieur le sieur Vigarani. Les seigneurs de la cour désignés pour entrer en lice, furent divisés en cinq brigades représentant diverses nations, dont ils portoient les habits et les armes. Le roy, chef de la première brigade, étoit vêtu à la romaine, ainsi que tous les chevaliers de sa suite, au nombre de dix, sans compter un maréchal-de-champ, plusieurs trompettes et timbales. Les quatre autres brigades, sous des habits de Persans, de Turcs, d’Arméniens et de sauvages, étoient composées d’un pareil nombre de seigneurs et avoient à leur tête quelqu’un des princes du sang, avec des devises et des livrées particulières. Le cortège du roy étoit composé de plusieurs écuyers, vingt-quatre pages, cinquante chevaux de main, conduits chacun par deux palefreniers portant des faisceaux d’armes dorées. Monsieur, frère du roy, avoit à sa suite plusieurs écuyers, dix-huit pages, vingt chevaux conduits par quarante palefreniers, et vingt-quatre esclaves avec l’arc et le carquois à la façon des Perses. Le prince de Condé, le duc d’Enghien et le duc de Guise, chefs des trois autres brigades, étoient dans un équipage convenable à leur rang, et chaque cavalier étoit escorté de deux pages, deux chevaux de main et quatre palefreniers, tous équipés avec tant de magnificence qu’il sembloit qu’on eût rassemblé tout ce qu’il y avoit au monde de pierreries et de rubans pour l’ornement de cette fête. L’or et l’argent étoient employés avec une si grande profusion sur les habits et les housses des chevaux, qu’à peine pouvoit-on discerner le fond de l’étoffe d’avec la broderie dont elle étoit couverte. Le roy et les princes brilloient extraordinairement par la quantité prodigieuse des diamants dont leurs armes et les harnois de leurs chevaux étoient enrichis. Le duc de Grammont, qui faisoit l’office de maréchal-de-camp, marchoit en tête de cette pompeuse cavalcade, qui, s’étant réunie au marché aux chevaux, derrière l’hôtel de Vendôme, au bout du faubourg Saint-Honoré, continua sa marche par la rue de Richelieu, à l’extrémité de laquelle elle entra dans le champ de bataille, sur une place située devant le château des Tuileries et appelée autrefois le jardin de Mademoiselle. Les quatre côtés du champ de bataille étoient environnés d’une galerie de 70 toises de long sur chaque face, dans laquelle se plaça un nombre infini de spectateurs. Le roy commença la course avec trois cavaliers de sa brigade, armés chacun d’une lance et d’un dard pour emporter et darder les têtes de Maure et de Méduse, posées sur des bustes de bois doré. Les autres cavaliers le suivirent quatre à quatre, et presque tous signalèrent leur adresse aussi bien du reste que le roy qui en fit paroitre beaucoup. L’honneur de la journée fut cependant déféré au marquis de Bellefonds de la brigade de Monsieur,