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nistrateurs de l’Hôtel-Royal des Invalides furent autorisés à aliéner, soit à vie, soit à bail emphythéolique, des terrains situés entre cet hôtel, l’École-Militaire et le Gros-Caillou.

Par suite de ces lettres-patentes, un plan fut dressé. Il contenait l’indication de plusieurs percements.

Le sieur Alexandre-Théodose Brongniart, architecte du roi et propriétaire de terrains voisins de ceux qu’on avait aliénés, voulut de son côté coopérer à l’exécution du plan. À cet effet, il demanda une autorisation qui lui fut accordée par arrêt du conseil du 30 juin 1790.

En vertu de cet arrêt, le sieur Brongniart fit ouvrir quatre communications, dont trois furent plantées d’arbres. Ce propriétaire était tenu d’établir à ses frais le premier pavage des nouvelles voies publiques.

La rue qui fait l’objet du présent article, et dont la largeur était fixée à 17 m. 55 c., fut appelée rue des Acacias, en raison de la nature des arbres qui bordaient ses deux côtés. Les trois autres voies publiques sont ainsi désignées : Petite-rue-des-Acacias, rues Masseran et Neuve-Plumet.

Une décision ministérielle du 12 décembre 1822 prescrivit la réduction de la largeur de la rue des Acacias à 12 m. En vertu d’une ordonnance royale du 20 septembre 1842, la largeur de cette voie publique est définitivement fixée à 17 m. 50 c.

Les propriétés riveraines sont alignées, à l’exception de celles qui sont situées sur le côté gauche, entre la Petite-rue-des-Acacias et la rue Neuve-Plumet. — Conduite d’eau dans la partie qui s’étend de la Petite-rue-des-Acacias à la rue de Sèvres.

Accouchement (hospice de l’).

Situé rue de la Bourbe, no 3 — 12e arrondissement, quartier Saint-Jacques.

Cet hospice occupe les bâtiments de l’ancienne abbaye de Port-Royal. Fondéé en 1204, par Mathieu de Montmorenci, seigneur de Marly, et par Mathilde Garlande, sa femme, dans le fief de Porrois ou Port-Royal, près de Chevreuse, cette abbaye fut transférée à Paris en 1625, dans la maison de Clagny, située à l’extrémité du faubourg Saint-Jacques. L’église, commencée en 1648, fut terminée la même année. Le pape permit qu’on établit dans ce monastère l’adoration perpétuelle du Saint-Sacrement. On conservait dans l’église une épine de la sainte-couronne. L’abbaye de Port-Royal fut supprimée en 1790.

Pendant le régime de la terreur, cette maison reçut le nom de Port-Libre, et fut convertie en prison. Il est assez difficile de comprendre l’espèce de liberté dont jouissaient les prisonniers dans cet établissement. Peu de temps après, on y enferma les militaires.

Arrêté du comité du salut public. — 13 brumaire an IV (Convention Nationale).

« Le comité du salut public voulant prévenir l’exécution du décret du 10 de ce mois, arrête :

» Article 1er. La commission des secours publics fera transférer dans le plus court délai, dans la maison de Port-Libre, rue de la Bourbe, les nourrices et les enfants actuellement placés dans celle dite du Val-de-Grâce ; en conséquence, les prisonniers qui se trouvent dans ladite maison seront évacués.

» Art. 2. Elle fera également les dispositions nécessaires pour rétablir les femmes en couche dans la maison du ci-devant institut de l’Oratoire. L’autorise à cet effet à donner congé aux locataires qui l’occupent ; à traiter de gré à gré ou à dire d’experts, des indemnités qui pourraient leur être dues, et à leur en payer le montant sur les fonds mis à sa disposition.

» Art. 3. Les ouvrages qu’exigera la nouvelle destination des maisons ci-dessus, seront exécutés par la commission des travaux publics, sur les plans et devis qui leur en seront remis par celle des secours.

» Art. 4. Charge ces deux commissions et celle de police, chacune en ce qui la concerne, de l’exécution du présent arrêté. » (Extrait du Moniteur, 13 brumaire an IV.)

Cet établissement porta plus tard, avec la maison de l’Allaitement ; le nom d’Hospice de la Maternité.

Dans la maison de la Maternité, rue d’Enfer, étaient les élèves de l’école d’accouchement, et dans celle de la Maternité, rue de la Bourbe, logeaient les femmes dont l’accouchement était prochain, ainsi que les enfants nouveau-nés. On y plaça dans la suite des enfants trouvés. Depuis 1814, cet état de choses a été modifié. Les deux établissements sont distincts et indépendants l’un de l’autre : les femmes enceintes, les femmes en couche et les élèves sages-femmes sont réunies dans l’ancienne maison de Port-Royal, et les enfants nouveau-nés ont été transférés dans la maison de l’Oratoire, rue d’Enfer, no 74. Les pauvres femmes accouchaient autrefois à l’Hôtel-Dieu. Il n’y avait pour elles que 106 lits. Les plus grands contenaient souvent quatre femmes en couche.

Occupées à des travaux en rapport avec leur position, ces femmes en reçoivent un salaire. On leur fournit du linge et même des vêtements. Elles doivent sortir de l’hospice huit jours après leur délivrance, à moins d’ordre contraire du médecin.

Cet hospice compte 450 lits environ, et occupe 60 employés.

L’école d’accouchement est comprise dans cet établissement. Les préfets doivent y envoyer chaque année une ou plusieurs élèves, selon les fonds dont ils peuvent disposer. Pour être admises, ces femmes doivent être âgées de 18 à 35 ans au plus. Outre la pension de 600 fr., chaque élève reçoit en arrivant une somme suffisante pour acheter des livres. Elles sont nourries, logées, éclairées et fournies de linge. À la fin de l’année, les élèves subissent un examen devant un jury compose de médecins et de chirurgiens, qui décerne des prix aux plus habiles.