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HISTOIRE DE LA MUSIQUE.

mos de Thèbes et Lasos, le maître de Pindare, enfin Pindare lui-même, peut-être aussi grand musicien que sublime poète.

La quatrième période, de 450 à 338, est une époque de lutte et d’évolutions. De hardis novateurs jettent le trouble dans l’art ancien et hiératique, changent l’ordre des tons, en inventent de nouveaux, ajoutent des cordes à la lyre. Les philosophes, gardiens des traditions, fulminent contre les impies qui attentent à la dignité de l’art ; les musiciens se font entre eux une guerre acharnée ; l’aulodie (fig. 19) (l’art de jouer de la flûte en solo et en concert) et la citharodie, qui représentent la musique instrumentale, prennent un immense développement. Timothée, audacieux novateur, proclame bien haut ses hardiesses ; criblé de sarcasmes par ses ennemis, il ne s’arrête pas et dit fièrement : « Je ne chante pas le suranné, car le nouveau est de beaucoup préférable à l’ancien. Place au jeune Zeus, adieu Cronos et la vieille muse ! » À côté de lui, dans la même période, on peut compter Phrynis, Antigénide, Cinésias, Dorion, Téléphane, etc.

Le poète comique Phérécrate nous a laissé de ces luttes et de ces révolutions artistiques un tableau qui est une vraie page d’histoire musicale. Il montre en scène la musique, couverte de haillons et le corps déchiré de coups : « Qui t’a donc ainsi maltraitée ? lui dit la Justice. — Je te l’apprendrai volontiers, répond la Musique. Celui que je considère comme la première source de mes maux est Mélanippide, qui a commencé à m’énerver par le moyen de ses douze cordes et m’a rendue beaucoup plus lâche. Cependant cet homme