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L’ANTIQUITÉ.

politique, la musique dut disparaître peu à peu ; mais lorsque, plus tard, les artistes Dionysiaques, véritables troupes ambulantes, allèrent jouer la comédie par les provinces, ils emmenèrent avec eux un aulète et un joueur de cithare.

Tout cela était de la musique pour ainsi dire publique ; les Grecs avaient aussi des chants privés ; chaque métier avait sa chanson ; il n’était point de repas sans musique. Ne pas savoir chanter était honteux, et Thèmistocle l’apprit à ses dépens, un jour qu’il refusa la lyre qu’on lui présentait pour jouer à son tour.

À l’époque de la décadence, avec les arts asiatiques, s’introduisirent dans les festins les chanteurs de profession. Un certain Amoïbé gagnait jusqu’à un talent attique par jour pour aller chanter dans les repas. Mais, à partir de ce moment, l’art grec pur était perdu, et on peut lire dans Athénée (livre XII) à quelle débauche de musique se livraient les dilettantes du temps d’Alexandre.

Étant donnée la longueur de la période antique, nous avons conservé peu de noms de musiciens. Cependant, si l’on adopte ce principe assez discutable que tous les auteurs lyriques ou dramatiques étaient à la fois chanteurs, musiciens et poètes, cette liste s’augmentera considérablement, et de noms illustres entre tous ; on y trouvera Pindare et Alcée, Sapho, Anacréon et Eschyle, Sophocle et Euripide, Aristophane lui-même, en un mot, presque tous les poètes, jusqu’à l’époque d’Alexandre. Cependant il y eut aussi des musiciens proprement dits, des chanteurs et des virtuoses de cithares et de flûtes.