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L’ANTIQUITÉ.

pris d’ivresse ? » Le péan, au contraire, est plein de dignité et de noblesse. Des prêtres crétois abordèrent en Grèce, après une périlleuse traversée, et rendirent grâces aux dieux : « Devant eux marchait l’Anacte, fils de Zeus Apollon ; tenant en mains la phorminx, il en jouait admirablement et levait le pied haut et avec grâce. En bel ordre et marquant la cadence de leurs pas, les Crétois suivaient et montaient vers Pytho. Ils chantaient l’Io péan, chant pareil aux péans de la Crète. »

Les fêtes étaient nombreuses, soit pour honorer un dieu, soit pour perpétuer le souvenir des grands événements. Chacune servait de prétexte à des jeux dans lesquels les Grecs concouraient pour l’agilité, la poésie et la musique. On sait qu’il existait quatre grandes principales fêtes de ce genre : les jeux olympiques à Olympie, les jeux pythiques à Delphes, les jeux néméens à Argos, et les jeux isthmiques à Corinthe ; Pindare a écrit les poétiques annales de ces luttes. Chaque cité avait aussi ses jeux particuliers ; les Panathénées, dédiées à Pallas, protectrice d’Athènes, et représentées sur les frises du Parthénon, comptent parmi les plus célèbres.

Nomes, sacrifices, processions, jeux, tout semble être venu se concentrer sur un art qui fut une des plus splendides manifestations du génie grec, et qui emprunta à la musique une grande partie de sa sublime beauté. Je veux parler du théâtre tragique et comique.

Assez d’autres ont raconté, et mieux que nous ne pourrions le faire, les origines du théâtre antique ; arrêtons-nous seulement un instant sur ce qui regarde la musique.

Dans l’ancienne tragédie, avec Eschyle, ce sont les