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L’ANTIQUITÉ.

délicatesse les Grecs, ces sublimes artistes, considéraient la philosophie et l’esthétique de l’art. Ils lui donnaient place dans leur religion comme dans leurs lois ; ils entouraient la musique d’un rempart de lois divines et humaines qu’il était sacrilège d’enfreindre ; ils faisaient d’elle la régulatrice de leur vie et de leurs plaisirs. « Jamais, dit Platon, le style musical ne change, sans que les principes de l’État ne se modifient. »

Les instruments de musique chez les Grecs participaient de ce mélange de pratique théorique et de spéculation philosophique. Une lyre était non seulement un instrument dont on tirait des sons, mais le symbole de la musique entière ; elle aussi était sacrée, elle aussi était associée aux lois des dieux et des hommes ; en se servant de la lyre, on protestait en faveur d’Apollon contre la flûte de Bacchus et de Marsyas. Il est vrai de dire que le procès de ce dernier avait été depuis longtemps révisé par les Grecs eux-mêmes, car les Sicyoniens montraient avec orgueil dans leur temple la flûte de l’infortuné rival d’Apollon.

Le nombre des instruments représentés sur les monuments laissés par les Grecs, vases, peintures, sculptures, etc., est immense ; cependant on peut toujours le réduire à trois, les lyres, les cithares et les flûtes reproduites à l’infini ; tels sont les trois genres d’instruments purement grecs ; les autres sont asiatiques ou appartiennent aux époques de décadence.

Le plus répandu de tous les instruments grecs est la lyre à quatre cordes, qui fut d’abord l’ancienne lyre d’Apollon, aux origines fabuleuses et divines. Ce ne fut qu’à une époque plus avancée qu’elle se confondit avec