Page:Lavoix - Histoire de la musique, 1884.djvu/46

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
40
HISTOIRE DE LA MUSIQUE.

truction, tu ne rirais pas en entendant chanter du mixolydien. »

Suivant nos idées modernes, la mélodie n’est pas seule à composer toute la musique ; l’emploi des sons simultanés ou harmonie a aussi son importance, mais écrire ces mots : harmonie des Grecs, c’est réveiller les plus terribles controverses d’érudition. Le sens du mot lui-même a changé depuis l’antiquité ; il désignait, ou l’ensemble de la musique, ou le mode dans lequel était chantée une mélodie, et non, comme aujourd’hui, l’accord des sons entendus simultanément. Les Grecs ont-ils, oui ou non, employé les sons simultanés ? Voici quatre siècles que les historiens, musiciens et théoriciens discutent sans relâche ; tous les vingt ans il paraît sur ce sujet un livre qui tranche la question sans la résoudre ; il est oublié, un autre paraît qui la tranche d’une autre façon, mais sans la résoudre davantage.

En somme, pas un texte, pas un document authentique ne constate avec évidence l’existence de l’harmonie chez les Grecs. Il semble à peu près reconnu qu’ils chantaient à l’unisson, ou bien à l’octave, lorsque les voix d’hommes, d’enfants et de femmes étaient mêlées, combinaison que la nature fournit d’elle-même. Si quelque instrument accompagnait la voix, c’était à l’unisson, ou bien il doublait le chant, à une octave au-dessus ou au-dessous, ce qui s’appelait magadiser.

Aller plus loin dans les suppositions serait imprudent ; disons donc simplement que si les Grecs ont eu la connaissance de l’harmonie, ils n’ont pu l’avoir que d’une façon tout à fait rudimentaire. En revanche, nous ne pouvons assez admirer avec quelle suprême