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L’ANTIQUITÉ.

par Kircher dans sa Musurgia, et dont la musique est attribuée au grand poète thébain ; mais l’authenticité de cette ode est fort discutée. Nous devons ajouter les deux inscriptions musicales trouvées à Delphes en 1893 et 1894, sous la direction de M. Homolle.

Le rythme et le mode constituaient ce que l’on appelait l’Éthos d’une mélodie, c’est-à-dire son caractère. Suivant l’emploi que l’on en faisait ou les sentiments qu’elle inspirait, la mélodie pouvait être tragique, comique, dithyrambique, érotique, encosmatique (élogieuse), systaltique (inspirant des sentiments de tristesse), hésychastique {tranquille), diastaltique (excitante et héroïque). Elle changeait de caractère, c’est-à-dire de rythme ou de mode, au moyen de la métabole. La métabole a pour analogue, dans la musique moderne, les modulations et les changements de rythme. C’est au poète Archiloque (vers 700 av. J.-C.) que l’on attribue son invention, mais elle paraît lui être antérieure.

Chaque mode avait son caractère ou Éthos particulier ; cependant il faut avouer que les distinctions esthétiques n’étaient pas toujours bien fixes et que des grands philosophes, tels que Platon et Aristote, s’entendaient quelquefois assez peu sur le sens expressif d’un même mode, et pourtant le caractère des modes n’était pas seulement une spéculation philosophique ; les musiciens l’appliquaient aussi de leur mieux dans la pratique. Plutarque nous raconte qu’un jour Euripide, faisant répéter un morceau de sa composition, vit rire un des exécutants : « Si tu n’étais pas dénué de toute intelligence artistique, lui dit-il, et de toute ins-