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L’ANTIQUITÉ.

Nous avons dit que la musique se composait de deux parties essentielles, le son et le rythme ; on pourrait dire que le son est la matière et le rythme l’esprit de la musique ; mais, malgré toutes les évolutions de notre art, c’est le rythme qui a subi le moins de changements.

La symétrie est au rythme ce que le chant est au son musical ; elle n’est autre chose que la combinaison des mesures, comme le chant est la combinaison des sons ; seulement le rythme peut exister sans le chant, et il n’est pas de chant qui ne possède un rythme quelconque. Pour retrouver la symétrie rythmique des anciens à défaut de mélodies, on a eu l’idée de mouler la rythmique musicale sur la prosodie des vers grecs.

Le moyen était ingénieux et a donné de bons résultats. Cependant il est prudent de ne pas pousser jusqu’à ses dernières conséquences ce système et de ne pas confondre tout à fait le mètre poétique avec le rythme musical. En exagérant un principe juste, on en arriverait à vouloir refaire l’histoire de la musique avec les chœurs d’Athalie ou des poèmes d’opéras.

C’est par la notation que le son et le rythme sont représentés à l’œil et à l’esprit. Les Grecs sont les plus anciens peuples, si l’on en excepte les Hindous et les Chinois, qui nous aient laissé une écriture musicale. Nous savons, à peu de choses près du moins, comment les Grecs écrivaient leur musique, et cela à deux époques différentes. Ils possédaient deux notations, l’une pour le chant, l’autre pour la musique instrumentale ; mais toutes deux étaient basées sur le même principe, c’est--