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HISTOIRE DE LA MUSIQUE.

ton signifiait grave ; meson, celui du milieu ; diezeugmenon, conjoint ; hyperboleon, aigu. Dans chacun, le nom de la note rappelait le tétracorde auquel elle appartenait : proslambanomenos (ajouté) indiquait celle du point de départ ; hypathypatos, par exemple, la note grave du tétracorde grave ; mese, celle du milieu de toute l’échelle ; nète, la note aiguë ; paranète, celle qui était le plus près de la plus aiguë ; lichanos, qui signifiait index, voulait dire que cette note était celle que l’on touchait avec l’index dans la lyre, etc.

Les Grecs connaissaient tous les intervalles que nous possédons, c’est-à-dire le ton, le demi-ton et même le quart de ton. Le ton donnait naissance au système diatonique, le demi-ton au système chromatique, le quart de ton au système enharmonique.

Les différentes gammes fermaient les modes et chacun de ces modes avait une origine qui se rattachait au nom d’un musicien célèbre, le plus souvent fabuleux. Le Dorien était attribué à Polymneste de Thrace, l’Ionien à Pitherme de Milet, l’Éolien à Lasos d’Hermione, les modes Lydien et Phrygien aux divinités et aux poètes de la Grèce asiatique qui avaient lutté contre Apollon, c’est-à-dire à Hyagnis, à Marsyas, à Cybèle, à Olympe. Parmi les modes secondaires et composés, il en était un qui fut célèbre, le mixolydien, ton compliqué et relativement récent, qui a été attribué à Sapho et à Pythoclide. La musique du moyen âge a conservé surtout le dorien, le phrygien et le mixolydien, mais avec de profondes altérations, et aujourd’hui encore ce sont ces modes qui se rapprochent le plus de nos tons modernes.