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L’ANTIQUITÉ.

sie. De notre temps, un siècle à peine a suffi pour faire naître Alceste, de Glück ; Don Juan, de Mozart ; la symphonie en ut mineur de Beethoven ; Freyschutz, de Weber ; Guillaume Tell, de Rossini ; les Huguenots de Meyerbeer ; Lohengrin, ou l’Anneau des Niebelungen, de Wagner ; que sais-je encore ! Dans le même temps les peintres nous donnaient-ils les loges de Raphaël, les sculpteurs le Moïse ou le Pensieroso de Michel-Ange, les poètes le Polyeucte de Corneille ?

Ce que nous savons des Grecs nous vient de deux sources. Ce sont d’abord les traités théoriques et philosophiques qu’ils nous ont laissés et trois hymnes d’une époque de décadence, plus quelques notes de cithare. Puis, à partir du xvie siècle de notre ère, des commentateurs sont venus en grand nombre, ingénieux et savants, qui, grâce à bien des hypothèses, ont fini par découvrir quelques vérités.

Telles sont les sources auxquelles nous puisons aujourd’hui notre connaissance de l’art grec ; mais, vue dans son ensemble, son histoire primitive a suivi tout naturellement les péripéties des diverses invasions, venues de tous côtés, et à la suite desquelles la presqu’île hellénique s’est peuplée.

Ces nombreuses évolutions prirent dans la vive imagination des Grecs la forme saisissable et poétique de fables ou de mythes : aussi est-ce presque toujours par un instrument que l’on peut symboliser, pour ainsi dire, chacune des grandes luttes des peuples qui ont contribué à former la musique grecque. Les plus anciens mythes nous montrent la flûte phrygienne et lydienne luttant contre la lyre dorienne. On voit l’apol-