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HISTOIRE DE LA MUSIQUE.

prises du chevalier Aubert, pour se conserver à son ami Robin, et où tout finit par des chansons et des danses. La musique tient une grande place dans ce petit opéra-comique primitif. Quelques-uns de ses refrains sont restés populaires, comme celui de « Robin m’aime, Robin m’a », dont la mélodie a un tour moderne, qui n’est point sans charme. Tout, jusqu’à la mise en scène, indique que le genre musical de l’opéra-comique est né dès ce jour.

Le Jeu de Robin et Marion fut exécuté pour la première fois à la cour de Naples en 1285. Il avait pour auteur un trouvère d’Arras nommé Adam de la Halle, dit le bossu d’Arras, que l’on peut considérer comme le premier créateur de notre opéra-comique.

Le nom d’Adam de la Halle nous fait penser tout naturellement aux trouvères et aux troubadours, ces poètes musiciens qui créèrent en même temps la littérature et l’art musical du moyen âge. En effet, si tous ne composaient pas, presque tous chantaient leurs vers, en s’accompagnant de la vièle ; quelquefois, le trouvère disait ses vers, pendant qu’un jongleur exécutait la musique. On appelle trouvères les poètes musiciens du Nord, depuis l’Artois jusqu’à la Loire, et troubadours ceux du Midi, Gascogne, Provence, Auvergne, etc. Depuis les artistes ambulants, comme Ebles, Élias, Guy et Pierre d’Uissel, qui allaient jouant, chantant et poétisant, pendant que l’un d’eux faisait la recette, jusqu’au haut et puissant comte Thibaut de Champagne, roi de Navarre, jusqu’au roi Richard Cœur de Lion, ces poètes appartenaient à toutes les classes de la société, célébrant l’amour,