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LE MOYEN ÂGE.

Nous n’avons pas tenu compte dans ce tableau des nombreux noms donnés à chacun des instruments, suivant les dialectes des diverses provinces.

Depuis les xe et xie siècles, les lyres et cithares antiques paraissent avoir disparu, en Occident du moins, ou s’être transformées, de telle sorte qu’elles sont devenues méconnaissables ; mais, en revanche, deux instruments ont fait leur apparition, qui tiendront une grande place dans l’histoire de la musique, la viole et le luth.

La viole ou vièle, dont on fait vibrer les cordes au moyen d’un archet, et qui a donné naissance au violon, semble être venue elle-même du crowth, ou violon barbare des populations bretonnes. Le crowth était une sorte de violon à trois cordes d’une structure fort grossière, qui, à une époque assez rapprochée de l’antiquité, était déjà très usité, comme le prouvent ces deux vers de Venantius Fortunatus :

Romanusque lyra plaudat tibi, barbarus harpa,
Græcus achilliaca, chrotta britanna canat.

La vièle apparaît dès le xie siècle. Fort répandue en Angleterre, en France, en Allemagne, en Italie, elle changea cent fois de formes, suivant les pays et les époques. Ici elle est lourde, presque ronde, à ce point que l’on ne peut comprendre comment le musicien pouvait faire vibrer les cordes ; là elle se rapproche du crowth, ainsi qu’on peut le voir sur le portail de la cathédrale de Chartres, mais avec un dessin plus élégant (fig. 36) ; c’est, dès le xiiie siècle, un magnifique in-