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  préliminaire. ix

les effets salutaires ou nuisibles des objets qui l’environnent, la nature lui donne des moyens multipliés de se rectifier. À chaque instant le jugement qu’il a porté se trouve redressé par l’expérience. La privation ou la douleur viennent à la suite d’un jugement faux ; la jouissance & le plaisir à la suite d’un jugement juste. On ne tarde pas avec de tels maîtres à devenir conséquent, & on raisonne bientôt juste quand on ne peut raisonner autrement sous peine de privation ou de souffrance.

Il n’en est pas de même dans l’étude & dans la pratique des sciences ; les faux jugemens que nous portons, n’intéressent ni notre existence, ni notre bien-être ; aucun intérêt physique ne nous oblige de nous rectifier : l’imagination au contraire qui tend à nous porter continuellement au-delà du vrai ; l’amour-propre & la confiance en nous-mêmes, qu’il sait si bien nous inspirer, nous sollicitent à tirer des conséquences qui ne dérivent pas immédiatement des faits : en sorte que nous sommes en quelque façon intéressés