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De la Pesanteur absolue. 329

de ces quantités, en fractions d’un usage commode, & qui réunies toutes ensemble fassent un produit égal au tout. Ces considérations m’ont fait penser qu’en attendant que les hommes, réunis en société, se soient déterminés à n’adopter qu’un seul poids & qu’une seule mesure, les Chimistes, de toutes les parties du monde, pourroient sans inconvénient se servir de la livre de leur pays, quelle qu’elle fut, pourvu qu’au lieu de la diviser, comme on l’a fait jusqu’ici, en fractions arbitraires, on se déterminât par une convention générale à la diviser en dixièmes, en centièmes, en millièmes, en dix-millièmes, &c. c’est-à-dire, en fractions décimales de livres. On s’entendroit alors dans tous les pays, comme dans toutes les langues : on ne seroit pas sûr, il est vrai, de la quantité absolue de matière qu’on auroit employée dans une expérience ; mais on connoîtroit sans difficulté, sans calcul, le rapport des produits entr’eux ; ces rapports seroient les mêmes pour les savans du monde entier, & l'on auroit véritablement pour cet objet un langage universel.

Frappé de ces considérations, j’ai toujours eu le projet de faire diviser la livre poids de marc en fractions décimales, & ce n’est que depuis peu que j’y suis parvenu.