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  Décomposition des Végétaux. 135

se forme point d’huile, mais s’il s’en étoit formé, elle seroit décomposée.

On voit donc que la décomposition des matières végétales se fait à ce degré, en vertu d’un jeu d’affinités doubles & triples, & que tandis que le carbone attire l’oxygène pour former de l’acide carbonique, le calorique attire l’hydrogène pour former du gaz hydrogène.

Il n’est point de substance végétale dont la distillation ne fournisse la preuve de cette théorie, si toutefois on peut appeler de ce nom un simple énoncé des faits. Qu’on distille du sucre ; tant qu’on ne lui fera éprouver qu’une chaleur inférieure à celle de l’eau bouillante, il ne perdra qu’un peu d’eau de cristallisation ; il sera toujours du sucre & il en conservera toutes les propriétés : mais sitôt qu’on l’expose à une chaleur tant soit peu supérieure à celle de l’eau bouillante, il noircit ; une portion de carbone se sépare de la combinaison, en même temps il passe de l’eau légèrement acide, & un peu d’huile ; le charbon qui reste dans la cornue, forme près d’un tiers du poids originaire.

Le jeu des affinités est encore plus compliqué dans les plantes qui contiennent de l’azote comme les crucifères, & dans celles qui contiennent du phosphore ; mais comme ces substances n’entrent qu’en petite quantité dans leur