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prohibé ; du dehors, des gentilshommes, des officiers et des femmes de procureurs, viennent chez la dame et ils tiennent des propos galants et mondains.

Pour le coup, M. Brentano prévoit que nous allons nous récrier ; il se récrie pour nous : « Tout cela, dira-t-on, est insensé » ; mais il réplique : « Tant il est vrai que nous ne comprenons plus ce qui faisait les mœurs et les idées du vieux temps ! » Il ne nous permet pas de supposer qu’il ait voulu s’amuser un moment à nous pincer sans rire : « C’est bien à dessein dit-il, que nous employons ces mots : franchises et libertés. »

Or, on s’attendait à trouver en ce chapitre, où l’auteur, à plusieurs reprises, parle d’« indépendance locale », ces formes d’indépendance qu’étaient les franchises municipales et les franchises provinciales ; c’était évidemment l’essentiel du sujet : mais à peine M. Brentano nomme-t-il les villes et les assemblées provinciales. Évidemment il n’a pas voulu s’exposer à raconter comment, par quels moyens — desquels beaucoup furent vilains, très vilains, odieux même — les rois réduisirent au néant, sous le mensonge d’apparences conservées, les franchises et libertés des communes et des provinces ; ce qui fut pour la France un très