Page:Lavisse - Lettre à MM. les plénipotentiaires de l’Allemagne, paru dans Le Temps, 2 mai 1919.djvu/5

Cette page a été validée par deux contributeurs.

pleine démocratie. Même, il n’y a pas au monde un pays aussi démocrate, un pays aussi libre que l’Allemagne. »

Or, l’Allemand n’est habitué ni à la liberté, ni à la démocratie. Liberté, démocratie, ne s’obtiennent que par un long et tragique travail historique. La plus grande partie de votre peuple demeure molle, docile, moutonnière. Les élections qui ont suivi la révolution le prouvent clairement. Le Reichstag de Weimar ressemble au Reichstag de Berlin comme deux frères se ressemblent. Et vos dirigeants, quelle direction donnent-ils aux députés — à moins que ceux-ci ne la trouvent en eux-mêmes, ce qui serait plus grave encore ?

La « Nouvelle Allemagne » que votre gouvernement veut faire serait mieux unie et plus forte que jamais. Les pauvres petits droits, les Sonderrechte, laissés à des États de l’empire, disparaîtraient. L’Allemagne serait divisée, non plus en États, mais en départements. En attendant, vous conservez les anciens cadres d’administration ; vous y maintenez l’ancien personnel, avec ses habitudes et son esprit, qui n’est