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de vrais et sincères démocrates, cela est certain. L’Allemagne était avant la guerre moins contente de ses gouvernements que nous ne l’imaginions en France, et la révolution allemande ne s’explique pas tout entière par la défaite militaire ; cela est certain encore. Mais il est tout aussi vrai que la nécessité de réformes constitutionnelles vous est apparue seulement lorsque vous avez senti que vous alliez perdre la guerre, et après que le président Wilson eut déclaré qu’il ne voulait négocier qu’avec de libres gouvernements démocratiques. Ces réformes, votre empereur-roi les avait acceptées ; il était devenu — Lui, l’homme de Dieu ! — un inoffensif monarque constitutionnel. Mais personne ne se laissa duper par cette métamorphose subite, et le président Wilson moins que personne. Alors on commença de parler d’abdication ; mais votre empereur, qui a ses heures d’humour, déclara qu’il trouvait cette idée inopportune. Il fallut insister ; vous avez insisté ; vous avez dit au Seigneur de la guerre : « Allez-vous en ! » Il s’en est allé. Alors les officieux du nouveau gouvernement ont affirmé : « Nous sommes en pleine liberté, en