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Messieurs, si un traité de paix avait assouvi votre convoitise énorme en vous donnant Briey, Toul, Verdun, une partie de nos départements des Ardennes, de l’Aisne et de la Somme et notre département du Nord, et la Belgique, et les colonies françaises et belges, je le demande à chacun de vous individuellement et à tous ensemble, qu’auriez-vous pensé ? Les socialistes indépendants et les sozialdemokrates de gauche auraient protesté, comme fit Bebel en 1871 contre l’annexion de l’Alsace-Lorraine. Vous, avec le reste de l’Allemagne, vous auriez exulté.


N’abusez pas des propositions wilsoniennes.

N’espérez pas nous faire croire que vous avez conclu l’armistice de novembre sous la réserve que la paix aurait pour base les quatorze propositions. Faut-il donc vous rappeler que votre situation militaire était désespérée ? Quel cri d’alarme, ce télégramme qui réclamait l’armistice immédiat ! Tout à coup se dévoila le long mensonge par lequel votre état-major endormait le peuple d’Allemagne. L’abîme apparut, et l’Allemagne s’épouvanta. L’angoisse de la demande d’armistice, tout le monde en sait la raison. Une grande attaque était attendue dans