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LES GAIETÉS DU CONSERVATOIRE

faire une belle réclame et que nous étions d’ailleurs tout prêts à continuer la leçon, mais comme il s’entêtait à répéter : « Fus êdes tes bolizons ! » nous nous décidâmes à prendre congé, et ne le revîmes plus jamais.

Quelqu’un m’assure qu’il exerce encore. Si c’est vrai, il pourrait être intéressant pour deux jeunes pianistes de renouveler l’expérience dans les mêmes conditions, en ayant bien soin de terminer par la marche du Songe d’une nuit d’été. A une trentaine d’années de distance, cela ne manquerait pas d’un certain piquant.

C’est une idée que je vous soumets, et qui me paraîtrait amusante, malgré l’intensité de mes cuisants remords.



Vers l’année 1854, il y avait dans la classe d’Alard un élève violoniste nègre, natif d’Haïti, nommé Bartholomeo Daniel ou Daniel Bartholomeo. On retrouverait certainement son nom dans les archives du Conservatoire, tel que je l’écris ici. Je l’ai connu personnellement. C’était un excellent garçon, noir comme de l’encre, très doux de sa nature, mais terriblement passionné, et porté à toutes les excentricités.

Son histoire, que je vais vous raconter, est en elle-même navrante, je vous en préviens, et devrait plutôt trouver sa place dans un volume intitulé Les tris-