Page:Lavignac - Les Gaietés du Conservatoire.djvu/37

Cette page a été validée par deux contributeurs.
31
LES GAIETÉS DU CONSERVATOIRE

ou bien, au contraire, et infiniment plus à prévoir :

COTÉ DU PÈRE

Parti à 8 h. 1/2

Rentré à 3 heures

N’a pas travaillé.

MON COTÉ

Arrivé à 10 1/2

Parti à 11 h.

Classe nulle.

Or, il n’en fut rien, car dès le premier jour, ce petit chenapan de Troublot (je n’ai pas dit que ce soit un imbécile) avait institué un deuxième carnet, sur lequel il imitait mon écriture dans la deuxième colonne, tandis que sur l’autre (le véritable), il imitait celle de son père dans la première.

À moi, il ne montrait jamais que le premier carnet, à son père que le deuxième.

C’est d’une simplicité qui confine au génie.

Il en résultait une série permanente de quiproquo dans le genre de ceux-ci, et toujours, inévitablement, de la plus parfaite vraisemblance :

J’écrivais, par exemple, le 1er novembre, sur le carnet no 1.

Votre fils n’a pas paru à la classe depuis huit jours.

et je recevais comme réponse, le 3 novembre :

Mon pauvre enfant a été bien malade, la bile s’est mélangée aux nerfs, le tout a retombé sur l’intestin pour remonter dans la tête, le médecin a exigé un repos complet.

Tandis que le père, aux mêmes dates, écrivait sur le carnet no 2, le seul qu’il ait jamais vu :

Je suis très mécontent d’Ernest, il passe toutes ses journées dehors, je ne sais pas ce qu’il fait.