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LES GAIETÉS DU CONSERVATOIRE

Dès le début de la Révolution, en 1789, un capitaine d’État-major de la Garde Nationale, Bernard Sarrette, qui n’était pas artiste lui-même, mais grand amateur de musique, avait pris à sa charge personnelle quarante-cinq musiciens des ci-devant Gardes Françaises, tant en ce qui concerne la solde et l’équipement que l’entretien des instruments, et avec ces quarante-cinq musiciens il avait formé le noyau de la musique de la Garde Nationale.

Ses frais lui furent remboursés environ un an plus tard, et, en 1792, il fut nommé directeur de l’École gratuite de Musique de la Garde Nationale, dans laquelle il faut voir l’embryon de notre Conservatoire actuel. Les élèves, au nombre de 120, de dix à vingt ans, devaient se pourvoir d’un uniforme (de Garde National, sans doute), d’un instrument et de papier à musique ; ils étaient astreints au service de la Garde Nationale et des fêtes publiques.

Si vous voulez vous faire une idée du degré de liberté dont on jouissait à cette époque, je vous raconterai qu’en 1793 un élève s’étant permis de jouer sur le cor l’air de Richard Cœur de Lion : « Ô Richard, ô mon Roi », le pauvre Sarrette fut conduit en prison. Autorisé à en sortir lorsqu’on eut besoin de lui pour organiser la partie musicale de la fête de