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LES GAIETÉS DU CONSERVATOIRE

Quoi de plus touchant que l’odyssée de ce brave homme, simple colporteur en mercerie dans les Vosges, y faisant vivre tant bien que mal, — plus souvent mal que bien, — mais honnêtement, sa pauvre petite famille, et que sa misérable femme abandonne lâchement avec ses deux petits pour courir les chances d’une existence… plus brillante et plus lucrative ?

Sur le simple avis d’un voisin, chef de musique de l’armée ou de la fanfare locale (j’ai oublié ce détail) qui avait cru reconnaître à l’aîné des dispositions pour la musique, le voilà qui entreprend bravement, on pourrait dire témérairement, le voyage de Paris, poussant devant lui ou traînant sur la grand’route sa boutique ambulante, dans laquelle étaient couchés les deux pauvres mioches. Le voyage dura cinq semaines ; on dormait où l’on pouvait, dans les fermes, parfois sous un hangar, le plus souvent à la