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de toutes ses œuvres. Mais le résultat pécuniaire ne fut pas très brillant ni correspondant à l’effort tenté.

Wagner avait, en 1877, écrit le poème de Parsifal, emprunté par lui à la légende du Graal, chantée par les vieux trouvères et dont l’idée initiale avait déjà hanté son cerveau lorsque, en 1852, à Zurich, il projetait son Jésus de Nazareth. Il emporta avec lui à Londres son nouveau poème, dont il donna lecture à un groupe intime chez M. Édouard Dannreuther, son ami et son historiographe fidèle (dans la remarquable étude biographique duquel beaucoup de renseignements ont été puisés pour cette brève esquisse de la vie du Maître). Il composa la musique des deux premiers actes de Parsifal dans le courant de l’année 1878 ; le prélude fut exécuté dans une fête intime à Bayreuth, à l’occasion des fêtes de Noël ; il termina le troisième acte en 1879.

Obligé par des raisons de santé (il souffrait cruellement d’un douloureux érysipèle) de passer ses hivers en Italie, il acheva en 1882, à Palerme, l’orchestration de cette œuvre, qu’il sentait devoir être la dernière.

Pour la représenter on rouvrit le Théâtre des Fêtes, fermé depuis 1876. Les seize représentations qu’on en donna marchèrent merveilleusement et eurent le plus grand succès. Le Maître se donna le plaisir, le dernier soir, de prendre des mains du distingué chef d’orchestre, Hermann Levi, le bâton de directeur et de conduire lui-même son œuvre.

Cette nouvelle série de représentations et les études préparatoires fatiguèrent beaucoup le Maître, qui, au cours des répétitions, s’était même trouvé une fois sérieusement atteint d’un accès d’étouffements. Une maladie de cœur, constatée à son insu par un médecin, le minait lentement. Il partit pour Venise avec sa femme et sa famille