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appui qu’il lui avait promis. Le théâtre de la Renaissance, sur le point de jouer son opéra la Défense d’aimer, fit malencontreusement faillite, et le directeur de l’Opéra, quand il lui proposa timidement son Rienzi, enveloppa un refus formel dans de banales phrases de politesse. Du reste, notre première scène française ne répondit pas du tout, quant à l’interprétation, à ce qu’il en attendait, et les chanteurs italiens qu’on y appréciait si fort à cette époque achevèrent de le dégoûter de la musique italienne.

Par contre, il prit un immense intérêt à l’audition des Symphonies de Beethoven, aux Concerts du Conservatoire, alors dirigés par Habeneck ; l’exécution de la Neuvième surtout excita au plus haut point son admiration ; c’était, du reste, sa préférée entre toutes.

Les ressources pécuniaires s’épuisaient cependant ; le ménage avait quitté la rue de la Tonnellerie pour s’établir rue du Helder, dans un appartement meublé à neuf : c’est là qu’il connut toutes les angoisses de la misère. Wagner dut accepter d’écrire la musique d’un vaudeville, la Descente de la Courtille. Il en ébaucha un commencement, qui fut déclaré injouable par les interprètes. Il chercha ensuite vainement à se faire engager comme choriste dans un petit théâtre du boulevard ! On l’y refusa à cause de son manque de voix.

Il écrivit alors la musique des Deux Grenadiers de Heine, et trois mélodies sur des paroles de Ronsard et de Victor Hugo ; il en tira quelque peu d’argent.

Il termina à cette époque une magistrale Ouverture sur Faust, qui ne fut jouée que quinze ans plus tard, et dans laquelle l’influence de Beethoven se fait de nouveau profondément sentir.

Se trouvant, par l’avortement de tous ses projets, maître de son temps, il se remit à Rienzi, qu’il desti-