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Vers la fin de cet intermède, le motif de La Cène, à laquelle nous allons assister, prend une importance prédominante, jusqu’au moment où les Cloches (voir p. 502), sonnant à toute volée, nous introduisent dans le sanctuaire même. Pendant toute cette troisième partie de l’acte, Parsifal va rester immobile, comme pétrifié d’étonnement, tournant le dos au public, contemplant en silence la scène grandiose et émouvante de l’office du saint Graal.

Sur un rythme pesant que scande la sonnerie des Cloches, les chevaliers, se rendant à l’appel du Graal, viennent se ranger solennellement autour des tables ; sur le même rythme, mais en doublant le pas, de jeunes écuyers, plus alertes, entrent à leur tour et prennent place. Des voix de Jeunes Gens, formant un chœur à trois parties, placé à mi-hauteur de la coupole, font entendre L’Appel au Sauveur, que l’orchestre accompagne des notes de La Lance, puis de l’harmonie du Graal. Un autre chœur, d’Enfants celui-ci, à quatre parties, et placé tout en haut de la coupole, entonne à son tour le thème de La Foi, traité en manière de choral. (Ce curieux échelonnement de trois chœurs placés à des hauteurs différentes, les hommes sur le sol du temple, les adolescents à mi-hauteur et les enfants au sommet du dôme, qui produit un effet des plus saisissants, avait été essayé par Wagner longtemps avant, en 1843, à l’église Notre-Dame de Dresde, dans « La Cène des Apôtres ».)

La voix de Titurel, sortant des profondeurs d’une sorte de crypte, ordonne à son fils daccomplirle saint sacrifice ; Amfortas, sur le motif de L’Appel au Sauveur, supplie qu’on le dispense de remplir sa tâche ; mais Titurel, soutenu par deux saints rappels du Graal, commande qu’on découvre le vase sacré. Alors commencent les effroyables tortures du malheureux Prêtre-Roi déchu, tortures bien