mère, qu’il aimait tant sans les avoir connus, planent sur
lui et sont venues conduire le deuil ? Puis c’est
La Race des Wälsungs tout entière qui, dans un superbe mouvement
de basses, se joint au funèbre cortège ; comme sur un
cercueil on pose les armes du défunt : L’Épée, la fière épée
est là, toujours étincelante, flamboyante, devenue
héraldique dans la lumineuse clarté d’ut majeur, qui
n’apparaît qu’à ce seul instant ; enfin voici le motif par
excellence du héros, Siegfried gardien de l’épée, deux fois
répété par une marche ascendante, la deuxième fois avec
sa franche et loyale conclusion, et suivi du Fils des bois
dans sa forme héroïque encore singulièrement élargie,
qui fait place à un souvenir embaumé de Brünnhilde,…
de son unique amour… Que peut-on rêver de plus
attendrissant ? Aux dernières notes de la « Marche funèbre »,
qui ne se termine qu’à la
Scène iii, se font entendre deux lugubres accords qui participent autant de La Servitude que du Cri de triomphe du Nibelung, de même qu’aux mesures suivantes un autre contour, souligné par La Malédiction de l’anneau, peut être considéré à volonté comme un amer souvenir soit de La Bienvenue de Gutrune, soit de L’Appel au mariage, deux motifs se rapportant également l’un et l’autre à l’idée de trahison.
Plusieurs fois l’auditeur, s’abusant comme Gutrune, croit entendre L’Appel accoutumé du Fils des bois ; mais la fanfare ne s’en développe point ; elle est toujours brisée et comme chancelante ; on entend Grane hennir farouchement, avec quelques notes de La Chevauchée ; inquiète, Gutrune cherche Brünnhilde : elle est obsédée par l’idée du Sort, auquel s’adjoint Le Cri de triomphe du Nibelung. Soudain reparaît le motif de La Vengeance accompagnant