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qui embarrassent autant les novices que le vase au long col embarrassait le renard de la fable. Ces chopes se payent le prix étonnant de 15 pfennigs. À cette bière bavaroise il ne messied pas de joindre une omelette aux confitures, ou ces délicieux pfannkuchen dont la cuisine allemande a le secret, ou encore un plat de saucisses et de choucroute. Que les palais délicats ne se récrient pas : ce qui semble grossier chez soi devient exquis servi dans le cadre voulu. Le buffet de la gare offre aussi pour les déjeuners une ressource à laquelle personne ne pense ; mais on y est bien traité, et servi plus promptement qu’ailleurs.

Disons ici que, contrairement à l’opinion répandue, le voyage de Bayreuth ne constitue pas forcément une dépense excessive, et peut être à la portée des bourses moyennes. Songeant combien il serait profitable et instructif pour des étudiants musiciens ou même pour des jeunes gens amateurs dans une situation modeste de pouvoir assister à ces représentations modèles, nous avons étudié le plan de ce voyage au point de vue économique, nous appliquant même, dans ce but, à expérimenter des restaurants de différents niveaux, qui nous ont paru très acceptables ; et nous avons compté qu’un jeune homme ne craignant pas de voyager en seconde, et de mettre vingt-quatre heures pour arriver à Nuremberg, dépensera pour son chemin de fer, aller et retour, à peu près 130 francs (le billet double est de 121 fr. 25). Comptons-lui environ 40 francs de faux frais et de frais de buffet pendant les deux jours qu’il passe en route en allant et en revenant, soit 170 francs. Il pourra très convenablement vivre à Bayreuth pour une douzaine de francs par jour, chambre et repas. Reste donc à voir combien de représentations il voudra s’offrir et à se rappeler que le prix unique des places est de 25 francs. En admettant qu’il assiste à