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Beethoven, en marchant, en allant, venant et gesticulant ; quand elle commençait à prendre corps, il se la jouait à lui-même au piano, assez gauchement, dit-on, pour bien en arrêter les contours, puis seulement alors il entreprenait d’écrire. Il écrivait sur deux ou trois portées comme pour le piano ou pour l’orgue, peut-être aussi parfois sur un plus grand nombre, et il ne passait au travail d’orchestration qu’après avoir parachevé la composition : le Crépuscule des dieux fut terminé en 1872, son orchestration en 1874 ; Parsifal fut terminé en 1879, son orchestration en 1882.

De plus, il menait toujours plusieurs œuvres de front, généralement deux, travaillant simultanément à la musique de l’une, au scénario de l’autre.

Tout cela est fort déroutant ; car lorsqu’on examine de près son œuvre, tout, poème, déclamation lyrique, contexture mélodique et harmonique, orchestration, ne forme plus qu’un seul bloc, et il semble, tellement est parfaite la cohésion de toutes ces parties, que l’ensemble a dû être lui-même coulé d’un jet, la musique venant s’adjoindre d’elle-même à la parole, et entraînant nécessairement à sa suite des combinaisons instrumentales qui ne sauraient être autres que ce qu’elles sont, tellement elles réalisent l’idéal de la perfection. C’est là une illusion ; le labeur était beaucoup plus complexe, et plus longue la gestation : la première ébauche des Maîtres Chanteurs, terminés en 1867, remonte à 1845 (22 ans d’écart) ; la première ébauche de Parsifal, terminé en 1882, date de 1857 (ici 25 ans) : c’était Le Charme du Vendredi saint.


Dans les analyses, nécessairement brèves et sèches qui vont suivre, de chacune des œuvres admirables que l’on exécute à Bayreuth, je n’ai pas la prétention de cataloguer tous les Leit-motifs.