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cours harmonique ; le langage scientifique musical l’appelle plus volontiers homophonie. Peu importe le mot ; l’homophonie et la mélopée sont des formes purement mélodiques. Les Hymnes des premiers chrétiens, tels que peut nous en donner idée le plain-chant catholique lorsqu’on l’exécute sans accompagnement, c’est-à-dire dans sa pureté native, avaient aussi caractère nettement mélodique ; on n’y trouve pourtant aucune trace de phrases carrées, et le sentiment de la tonalité est tout autrement compris que de nos jours. Il en est de même de la musique orientale, même actuelle, et de beaucoup d’airs populaires de tout pays, qui ont été conçus sans accompagnement, et auxquels on ne peut en adapter aucun sans les dénaturer plus ou moins. Le choral luthérien, lui, de création plus récente, revêt de suite la forme polyphonique et la tonalité moderne, mais toute idée de carrure en est absente ; la ponctuation seule est indiquée par des cadences suivies de points d’orgue ; personne cependant n’aura l’idée de nier que son chant constitue une véritable mélodie… Au temps de Palestrina, le chant occupait le plus souvent la partie grave de l’harmonie, la basse… Il fut un temps où le cantus firmus était dévolu au ténor, discantus ; actuellement on a l’habitude de le placer à la partie la plus aiguë… Voilà bien des acceptions diverses d’un seul mot.

Il ne faut pas oublier qu’étymologiquement mélodie vient du grec mélos (qui signifie nombre, rythme, vers, membre de phrase) et ôdé (chant, ode) ; c’est donc à proprement parler : le chant d’un membre de phrase, d’un vers. Par le mot mélos les anciens entendaient aussi la douceur de la voix articulée, le chant de la parole, la musique du discours.

Ceci posé, pour bien établir que la mélodie peut se