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clume au premier essai, comme il l’avait fait des précédentes. Son discours témoigne clairement du peu d’affection et d’estime qu’a su lui inspirer le nain ; et Mime récapitule vainement toutes les peines, tous les soins qu’il a pris de lui depuis sa naissance, Siegfried va s’étendre sur le lit de repos et jette à terre, d’un méprisant coup de pied, les aliments que le nain lui présente ; il le bafoue et se demande comment, étant donnée l’aversion que lui inspire ce misérable gnome, il revient chaque jour ici après ses courses à travers la forêt. — Cela prouve, lui répond son père nourricier, qu’en dépit de ses boutades Mime est cher à son cœur. — Mais Siegfried rit à cette idée ; il pose de nouvelles questions au nain et se refuse à croire que cet avorton louche et méchant soit l’auteur de ses jours, comme le fourbe veut le lui persuader. Il le presse de lui dire quels étaient ses vrais parents ; Mime cherche à éluder la réponse, puis finit par lui avouer, contraint par le jeune homme irrité, qu’il est né d’une malheureuse fugitive qui, accablée de tristesse et d’angoisse, avait un jour cherché refuge dans la forêt et est morte en le mettant au monde. Siegfried manifeste une grande émotion à ce récit. L’astucieux nain veut sans cesse en revenir à l’énumération de ses bienfaits envers l’enfant que la pauvre Sieglinde mourante avait confié à ses soins, mais l’impétueux adolescent l’interrompt sans pitié et le force à lui révéler la fin de son histoire. Il apprend peu à peu que sa mère, avant d’expirer, lui a donné son nom de Siegfried, et que son père avait été tué dans un combat, laissant pour tout héritage les tronçons d’une épée qui s’était brisée pendant la lutte suprême et dont lui, le Nibelung, détient maintenant les morceaux. Sur cette révélation, Siegfried s’emporte ; il somme le nain de lui ressouder les fragments du glaive paternel, avec lequel il veut,