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pouvoir si grand, dont il doute cependant… Piqué au jeu dans son amour-propre, et voulant lui montrer ce dont il est capable, Alberich, à l’aide du casque magique, se transforme d’abord en dragoa terrifiant, puis en crapaud immonde ; Wotan et Loge peuvent alors s’en emparer facilement en mettant le pied dessus ; ils l’ont à leur merci, le garrottent et remontent avec leur prisonnier, écumant de rage, à la surface de la terre.

Scène iv. — La caverne s’emplit de vapeurs comme précédemment ; et lorsqu’elles s’éclaircissent, le décor est le même qu’à la deuxième scène, mais l’arrière-plan reste enveloppé de brumes. Wotan et Loge, sortant du gouffre, traînent derrière eux le nain fou de colère. À leur tour de le railler. Ils l’obligent d’abord à leur livrer le trésor qu’il a amassé et que, sur ses paroles magiques, les Nibelungs apportent de leur retraite profonde ; puis ils exigent, malgré ses récriminations, le heaume enchanté forgé par Mime, et enfin le forcent, malgré sa résistance folle et les injures qu’il bave dans sa méchanceté exaspérée, à leur livrer l’anneau qu’il voulait garder comme suprême ressource. Alberich, au comble de la fureur, se voit arracher le talisman par Wotan ; mais, dans une farouche et sinistre imprécation, il voue aussitôt à une terrible malédiction celui qui s’emparera de son bien : « Que désormais son charme engendre la mort pour quiconque le portera ; … que celui qui le possédera soit rongé d’angoisse, et celui qui ne le possédera pas dévoré d’envie ; … que nul n’en tire profit, mais soit voué à l’égorgeur ;… que la peur enchaîne le lâche ; … que le maître de l’anneau soit l’esclave de l’anneau,… et cela jusqu’à ce que le Nibelung rentre en possession du bien qui lui est ravi ! »

Il s’abîme dans les profondeurs de la crevasse après avoir proféré ces terrifiantes paroles. Wotan, qui ne tient