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défaite, et le roi, qui s’est avancé à sa rencontre, lui demandant la cause de son trouble, la conduit à un siège élevé disposé pour elle, puis il revient prendre sa place sous le chêne.

Le chevalier paraît alors, vêtu de son armure d’argent ; il s’avance seul et sans escorte ; son visage est empreint d’une profonde tristesse, et il répond au bienveillant accueil du souverain en exprimant la douleur qu’il éprouve de ne pouvoir conduire ses armées au combat. Il n’est venu à ce rendez-vous que pour remplir de pénibles devoirs : tout d’abord, se justifier d’un acte qu’il a dû accomplir pour défendre sa propre vie ; et il raconte le guet-apens dont il a failli être victime de la part de Telramund. Etait-il bien dans son droit en tuant son ennemi, et son souverain l’absoudra-t-il ? Henri le rassure sur la légitimité de sa cause et se détourne avec horreur du cadavre du traître exposé à sa vue.

Alors le héros, poursuivant sa triste mission, accuse hautement et devant tous la femme qu’il aime, d’avoir manqué à la promesse qu’elle lui avait solennellement faite à cette même place, et maintes fois renouvelée. Aveuglée par les perfides conseils de ses ennemis, elle a follement trahi son serment, et, puisqu’elle l’exige, c’est ici, en présence de tous, qu’il va lui livrer le redoutable secret dont tous deux payeront la révélation par la perte de leur bonheur :

Dans une contrée mystérieuse et lointaine, sur un sommet vierge de tout contact profane, s’élève, au milieu d’un château magnifique, un temple qui n’a son égal dans nul autre pays. Dans ce temple on garde un vase précieux apporté autrefois par une légion d’anges, et qui ne doit avoir pour gardiens, dans son tabernacle sacré, que des chevaliers de la plus pure et la plus noble essence. Ce