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lugubre répond seul à la proclamation. Elsa, tombant aux genoux du souverain, l’adjure de faire répéter de nouveau l’appel, que son chevalier n’a pas entendu de sa retraite lointaine. Henri accède à sa demande, et les trompettes sonnent encore une fois. Elsa, dans une ardente prière au Très-Haut, le supplie de ne pas l’abandonner.

Tout à coup, ceux des assistants qui se trouvent près du rivage aperçoivent au loin sur le fleuve une nacelle tirée par un cygne et portant un chevalier, debout, revêtu d’une armure d’argent. Ils appellent toute l’assemblée, chacun crie au miracle, l’admiration est à son comble ; cependant le cygne continue d’avancer en suivant les méandres du fleuve, et le frêle esquif dépose bientôt le voyageur sur la rive. Le roi contemple la scène de la place qu’il occupe ; Elsa regarde, ravie ; Frédéric est en proie au plus profond étonnement, et Ortrude, dont le visage est empreint d’une haineuse et inquiète expression, porte tour à tour ses regards de colère sur Elsa et sur le mystérieux arrivant.

Scène iii. — Le chevalier, en quittant sa nacelle, se penche sur le cygne et, lui adressant de touchants adieux, lui enjoint de retourner vers les contrées lointaines d’où ils viennent ; le cygne oriente la nacelle vers la route déjà parcourue et vogue majestueusement en remontant le cours du fleuve. Le mystérieux inconnu le suit des yeux avec mélancolie, puis, quand il l’a perdu de vue, il redescend vers le roi Henri et, le saluant avec respect, il lui annonce qu’il vient, envoyé de Dieu, pour défendre l’innocente jeune fille accusée injustement du plus noir des crimes. Ensuite, s’adressant à Eila, qui depuis son arrivée le suit du regard sans bouger et dans une sorte d’extase, il lui demande si elle veut lui remettre le soin de défendre son honneur et si elle aura confiance en son