Page:Lavignac - Le Voyage artistique à Bayreuth, éd7.djvu/138

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Dieu pour que la sagesse du Très-Haut l’éclaire dans cet instant solennel.

Scène ii. — Elsa s’avance lentement, d’un air grave et triste, suivie du cortège de ses femmes ; son aspect sympathique et doux gagne tous les cœurs ; le souverain lui demande si elle veut l’accepter comme juge et si elle sait de quel crime elle est accusée. Qu’a-t-elle à alléguer pour sa défense ? — À toutes ces questions elle n’a répondu que par des gestes de résignation, puis, les yeux perdus dans le vague, elle murmure doucement le nom de son frère. La curiosité de tous est excitée par cette étrange altitude, et, le roi l’engageant à s’expliquer, Elsa, se parlant plutôt à elle-même et plongée dans une sorte d’extase, se rappelle le jour où, accablée de douleur, elle adressait au Seigneur une arjdente supplication, et tomba dans un lourd sommeil ; dans ce sommeil, un chevalier vêtu d’une armure étincelante lui apparut, envoyé par le Ciel pour la protéger. C’est lui qu’elle attend ; il sera son défenseur et fera éclater son innocence.

Voyant la douce créature rêver ainsi, le roi ne peut croire à sa culpabilité ; Frédéric persiste pourtant dans son rôle d’accusateur, et, pour se faire mieux écouter, rappelle à tous sa vaillance passée, défiant ceux qui voudraient, prenant parti pour Elsa, combattre contre lui. Tous les nobles se récusent. Henri, ne sachant comment décider, en appelle au jugement de Dieu et demande à Elsa qui elle choisit pour défenseur ; elle répète encore une fois que, confiante en la protection du Seigneur, elle attend le chevalier qui doit combattre pour elle et auquel elle accordera, en récompense de son dévouement, son cœur et sa couronne.

Le roi fait sonner ses trompettes aux quatre points cardinaux et ordonne de proclamer le combat ; mais un silence