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Nicole ne se le fit pas dire deux fois. Elle accommoda les cheveux de sa maîtresse, apprêta le lit, attisa le feu, et se retira dans la garde-robe, où elle devait coucher.

Diane prit une bougie et passa dans la bibliothèque pour choisir un livre. Elle y vit un arbre généalogique sur parchemin, orné de force écussons peints et dorée, et quelques vingtaines de livres sur des rayons poudreux. Elle monta sur une chaise et lut des titres, la plupart latins, et annonçant des ouvrages d’histoire, de théologie et de jurisprudence. Pas un roman, pas un conte, hélas ! – C’était une bibliothèque tout à fait épiscopale.

La belle Diane soupira, et, regardant autour d’elle, s’aperçut que cette pièce peu spacieuse avait une autre porte que celle par laquelle elle était entrée. Elle l’ouvrit et vit un escalier tournant, très étroit, qui montait dans une tour ronde, Elle hésitait à s’y hasarder, lorsqu’une chauve-souris, effrayée par sa lumière, faillit l’éteindre d’un coup d’aile. Cet incident désagréable termina le voyage de découvertes pour ce soir-là. Diane retourna dans la chambre violette, se coucha et s’endormit profondément.

Le lendemain matin, à peine habillée, elle voulut aller dans la tour ; mais la comtesse la fit prévenir qu’il était l’heure de la messe. Après la messe il fallut déjeuner en famille, et il était plus de dix heures quand Diane put s’échapper pour aller satisfaire sa curiosité. L’escalier de la tour la conduisit d’abord devant une porte fermée, puis sur la plate-forme, d’où elle put voir un magnifique paysage ; mais elle ne le regarda point, et la porte fermée seule l’occupait. Elle envoya Nicole chercher le vieil intendant, et lui demanda où conduisait cette porte.

« C’est celle de la chambre de l’astrologue, Mademoiselle, dit le brave homme. Elle est appelée ainsi parce qu’un fameux astrologue nommé Albumazar, de Cordoue, l’a habitée du temps de la reine Catherine de Médicis. Il avait d’abord été à son service, mais il fut disgracié, et, chassé par elle du château de Blois, il vint demander asile au comte de Boisbriand, votre trisaïeul, Mademoiselle. Il passa plusieurs années au château de Lussault, et enseigna,