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À peine remise, elle voulut partir, et quelques jours après ses carrosses étaient embarqués sur la Loire, à Orléans, et les dames de Lussault et leur suite naviguaient lentement vers Amboise.

La beauté des rives de la Loire et l’innocent babil de ses petits neveux distrayaient Diane. Elle avait d’ailleurs été profondément touchée de l’état où elle avait vu sa belle-sœur, et lui témoignait beaucoup d’amitié. La comtesse Marguerite, de son côté, était pour elle d’une bonté et d’une grâce charmantes.

La première couchée se fit à Beaugency, la seconde à Blois, et, dans l’après-dîner du troisième jour de leur navigation, les voyageuses arrivèrent en vue des tours royales d’Amboise, que doraient les rayons d’un beau soleil.

L’intendant de Lussault attendait sur le port, et, tandis qu’il veillait au débarquement et conduisait la comtesse et ses enfants à l’hôtellerie du Lion d’Or, Diane voulut absolument se faire conduire au château. Elle eut le temps avant La nuit de visiter la chapelle Saint-Hubert et les principaux appartements, et d’admirer la vue des campagnes et du fleuve au soleil couchant. Vraiment, se dit-elle, les rois d’autrefois choisissaient bien leurs résidences, et Amboise devait être un plus agréable séjour que Saint-Germain et Versailles.

Le lendemain matin on attela de bonne heure, et la route d’Amboise à Lussault était si jolie, que Diane commençait à se réconcilier avec son sort ; mais, lorsqu’elle aperçut les sombres tourelles du château de Lussault, les créneaux, les mâchicoulis, le pont-levis, et les corbeaux voltigeant autour du donjon noirci par cinq cents hivers, la jeune demoiselle se sentit frissonner.

« Hélas ! dit-elle, habiterons-nous cette prison ?

– Vous verrez comme elle est belle en dedans, dit Marguerite. J’y ai passé avec votre frère des jours bien heureux, et je vous assure que, s’il était là, Lussault me paraîtrait plus beau que Saint-Germain. »

Tous les paysans du domaine étaient réunis devant le château, et saluèrent leurs dames avec allégresse. Les jeunes