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XIII

AUXILIUM CHRISTIANORUM


La prairie était déserte, Guillaume la traversa très vite et arriva près de la ferme. Les domestiques de Colette, joints à quelques-uns de ceux du château, battaient le blé dans la grange, et Colette, debout sur le seuil de la maison, regardait au loin d’un air inquiet. Elle entendit venir Guillaume et fit une exclamation.

« Ô Messire ! dit-elle, je vous attendais. Marie m’avait dit que vous viendriez, et c’est à cause de vous que je n’ai pas suivi notre pauvre demoiselle. Elle a eu la fantaisie de se promener sur le chemin de Brix. Marie est avec elle, et je suis inquiète. Elles ont disparu là-bas derrière les arbres. Venez avec moi, je vous prie. Allons les rejoindre. »

Guillaume la suivit avec empressement. À quelque distance de la ferme, ils virent un valet de Colette qui étoupait une haie rompue avec des branches épineuses.

« Hé ! Jeannot, lui cria Colette, as-tu vu passer notre demoiselle ?

– Je crois bien que oui, dit le valet. Elle était tout près d’ici il y a une heure, et elle disait à Marie : « Allons au château, ma sœur, je t’en prie. » Et Marie lui disait comme ça : « Espérez jusqu’à demain, ma bonne demoiselle. » Mais voilà que maître Pierre est arrivé, venant du côté de Brix et habillé en pèlerin, si bien que je ne le reconnaissais point.

– Maître Pierre, dit Colette, mon fils ! il est donc revenu ?

– Vous ne le saviez pas ? dit Jeannot. Eh bien ! ni moi non plus, de sorte que je suis demeuré tout surpris.