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de ma mère. Demain matin, le plus tôt que je pourrai, je reviendrai ici. Soignez bien ma chère fiancée. Elle finira par me reconnaître, et alors, Marie, je l’épouserai et je la rendrai si heureuse qu’elle guérira tout à fait. Dites-le à votre mère, au père Hélier, à Alain, à tous. Jamais, je n’aurai d’autre femme que Luce de Brix, dût-elle ne jamais recouvrer la raison.

– Que Dieu vous récompense ! dit Marie, et qu’il ait pitié de nous ! »

Et Guillaume alla reprendre son cheval, et retourna lentement au château paternel.

Le soir, après le souper et la prière, Guillaume demanda à sa mère si elle désirait qu’il allât le lendemain à Barfleur.

Pas encore, mon fils, dit-elle ; attendez que vos gens soient arrivés ici. Je vais m’occuper des préparatifs convenables, et envoyer des messagers à toute la noblesse du pays. Il faut au moins huit jours pour préparer des funérailles dignes du rang que tenait votre père. Laissez-moi faire. Retournez dès le matin au Val. Je regrette ce que je vous ai dit tantôt. Oui, l’honneur veut que vous tentiez de guérir la pauvre Luce, et que vous remplissiez votre promesse si elle retrouve quelque lueur de raison. Mais si elle ne guérit pas, je la conduirai à l’Abbaye-aux-Dames, je veillerai à ce qu’elle y soit traitée comme une princesse, et vous chercherez une autre épouse. Vous êtes le seul espoir de ma vieillesse, le dernier de votre race, et, pour l’amour de moi, vous conserverez la maison du connétable de Normandie. »

Guillaume lui baisa la main en silence et la conduisit jusqu’à la porte de son appartement. Elle bénit son fils, et il alla essayer de dormir ; mais il lui fut impossible de fermer l’œil, et le lendemain, aussitôt après la messe, il courut au Val.