sence rendra la raison à notre demoiselle ! Cachez-vous un instant contre cet arbre, je vais vous annoncer. »
Elle retourna vers Luce, toujours immobile.
« Mademoiselle, lui dit la bonne fille tremblante de joie, j’ai des nouvelles de messire Guillaume. »
Luce ne parut pas l’avoir entendue. Elle ferma la couronne de fleurs, la posa sur son front un instant, puis elle dit :
« Je voudrais aller au château porter cette guirlande à ma belle sainte Vierge ; tu sais, Marie, la madone en bois de cèdre que mon grand-père a rapportée de terre sainte. Allons au château, Marie ; allons-y, je t’en prie.
– Demain, lui dit Marie ; demain, je vous y conduirai, Mademoiselle. Ce soir, il est trop tard. Mais, écoutez-moi : il est arrivé un croisé, un ami de messire Guillaume. Voulez-vous le voir ?
– Je ne veux voir personne, dit Luce ; je veux aller au château, je donnerai la couronne à la sainte Vierge, et puis j’irai dormir dans le caveau, là où dormait ma mère et ma grand’mère Constance de Brix. Je ne veux que cela. »
Guillaume s’était approché ; il pleurait, le fier chevalier, et son cœur se brisait à la vue de la pauvre Luce.
« Regardez ce chevalier, dit Marie ; c’est lui, c’est votre fiancé. »
Luce le regarda vaguement, détourna les yeux et se remit en silence à arranger ses fleurs. – Guillaume et Marie s’éloignèrent de quelques pas.
« Elle, ne se souvient de rien, dit Marie, si ce n’est de la sainte Vierge et de la tombe de sa mère. Pendant les deux jours qu’elle a passés chez votre mère, Messire, elle pleurait comme un petit enfant pour venir au Val. Depuis qu’elle y est, elle veut aller au château. Elle ne reconnaît que ma mère et moi. Le père Hélier, qu’Alain a envoyé chercher à Saint-Sauveur, le jour même de la mort du baron, dom Benoît, mes frères, Alain, qu’elle aimait bien pourtant, elle ne les connaît plus. Ô Messire, quelle douleur de la voir ainsi !
– Marie, lui dit Guillaume, il faut que je retourne près