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XI

RETOUR DU CROISÉ


Tandis que Thomas de Biville et Pierre, escortés par le brave Gauthier et ses hommes d’armes, cheminaient à grandes journées vers Brix, sans se douter que le château et le noble vieillard qu’ils allaient protéger n’existaient plus, une grande nef, venue d’Harfleur et dont le mât portait une bannière armoriée, s’approchait du port de Barfleur. Les marins du port et les oisifs de la ville cherchaient à la reconnaître. Un jeune homme aux yeux perçants s’écria :

« Je vois les armoiries du connétable de Normandie. Je distingue les fasces d’azur et d’argent, et les trois molettes de sable ; mais d’où vient que le pavillon est en berne ?

– Je vois un cercueil sur le pont ! dit un marin ; je distingue un drap mortuaire portant les mêmes armoiries que le pavillon. Ah ! pour sûr, le brave connétable de Normandie est mort. Quel malheur ! »

C’était vrai, Guillaume ramenait en France le corps de son père, mort des suites d’une blessure que lui avait faite la flèche empoisonnée d’un Sarrasin. Guillaume avait passé à Paris, espérant y trouver le roi et recevoir de ses mains l’épée de connétable, comme successeur de droit à la dignité de son père. Apprenant le départ du roi, qui, disait-on à Paris, guerroyait dans le Perche et ne reviendrait pas au Louvre avant la Toussaint, Guillaume s’était décidé à descendre la Seine pour aller de nouveau s’embarquer à Harfleur. Il ramenait peu d’hommes et de chevaux, tous épuisés de fatigue, et la voie de mer lui avait paru préférable à celle de terre, vu l’état de ses équipages et le triste fardeau qu’il rapportait.

Un canot se détacha du vaisseau, qui attendait l’heure