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Quant à Hugo et à son complice, personne ne les revit jamais, et leurs tristes restes sont encore cachés sous les ruines du château de Brix, à côté du trésor du baron Adam. Quelque jour peut-être l’un de ces nobles Écossais, descendant des Bruce et des Stuarts, qui viennent de temps en temps visiter les ruines du château qui fut le berceau de leurs ancêtres, ordonnera des fouilles et retrouvera ces épaves ensevelies depuis six cents ans, au-dessus desquelles croissent les taillis de chênes et de hêtres, et chantent au printemps les pinsons et les merles jaseurs.


X

L’APPEL AU ROI


Tandis que ces évènements se passaient à Brix, Pierre cheminait vers Bellesme, allant de presbytère en presbytère pour bien s’assurer du chemin. Le jeune pèlerin trouvait partout bon accueil ; il traversa ainsi Valognes, Saint-Lô, Vire et Alençon, et le quatrième jour, vers le soir, arriva sur un coteau d’où on découvrait la forêt de Bellesme, les tentes de l’armée royale et les tours du château qu’elle assiégeait. Jugeant que la nuit viendrait avant qu’il eût le temps d’atteindre les bannières du camp, Pierre alla demander l’hospitalité dans un monastère qu’il aperçut à peu de distance de la route. C’était un couvent de chartreux. Le frère qui lui ouvrit se prosterna devant lui, selon la règle, saluant dans l’hôte envoyé par la Providence le Maître divin qui, en ce monde, fut errant et pauvre, n’ayant pas une pierre où reposer sa tête ; puis il introduisit Pierre dans un réfectoire où soupaient quelques hôtes.

Il lui servit une portion de légumes, du pain, un pot de cidre, et le laissa pour aller recevoir un autre voyageur.