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Blanche l’avait gardé à son service en souvenir de son mari ; mais elle commençait à ne plus le traiter si bien, s’étant aperçue qu’il était grand menteur. L’adroit Normand, se sentant à la veille d’une disgrâce, risquait un dernier coup pour s’enrichir. Adam de Brix passait pour posséder beaucoup d’or monnayé et de pierres précieuses rapportées d’Orient, et Hugo espérait se les approprier. Aussi, à peine le convoi du baron de Brix eut-il quitté le château, qu’Hugo ordonna à ses soldats d’enfermer tous les prisonniers et de veiller avec soin du haut des remparts. Puis, ayant posé lui-même quelques sentinelles, il prit une lumière et courut s’enfermer dans la chambre du défunt baron. Il avait pris toutes les clefs qu’Adam de Brix portait sur lui, et, d’après leurs dimensions, il jugeait qu’elles devaient ouvrir des coffrets destinés à contenir des choses précieuses. Il n’en trouva aucun cependant, et les bahuts de la chambre seigneuriale étaient presque vides.

« Damnation ! s’écria-t-il ; on m’a donc précédé ici ! » mais, en y réfléchissant, il vit que pas un des hommes entrés avec lui n’avait pu visiter cette chambre en secret. Le corps du baron y avait été apporté tout d’abord, et, à peine posé sur le lit, Hugo s’en était approché et avait pris les clefs que le mort portait sur lui. Hugo se mit à fureter partout, sondant les murs, soulevant les meubles et les tapisseries. Il se fatigua inutilement, et passa, de guerre lasse, dans l’appartement de Luce. Sauf quelques vêtements, quelques livres de prières serrés dans un bahut, il ne trouva rien. Marie avait adroitement enlevé et caché sous ses habits les joyaux de Mlle de Brix. Quant au trésor du baron, voici ce qu’il était devenu. En faisant construire le château de Brix, le père du baron, selon l’usage du temps, y avait pratiqué des oubliettes ; un carreau de pierre, placé sous le foyer même, et se soulevant au moyen d’un ressort caché dans les sculptures de la cheminée, recouvrait un plan incliné communiquant avec une gaine qui se prolongeait dans l’épaisseur des murs et aboutissait à un caveau où l’on pouvait pénétrer, par une petite porte de fer dissimulée sous une maçonnerie légère, dans les souterrains du château. En cas de siège, le châtelain glissait dans cette cachette