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– Ah ! Marie, dit Luce, se rappelant les évènements du jour précédent, tu ne sais donc pas ce qui est arrivé ? » Et elle lui raconta tout.

Marie, la voyant si inquiète, n’osa pas lui parier de l’Écossais blessé qui était au Val. Elle se borna à la supplier d’y venir avec le baron, et elles se levaient toutes deux pour aller chez lui, lorsque le son éclatant d’une trompette les fit tressaillir. Elles coururent à une fenêtre d’où l’on voyait le pont-levis, et ce qu’elles aperçurent les glaça d’effroi. Sur le bord du fossé, en face de la porte du château, un chevalier d’une haute taille, armé de toutes pièces, était debout tenant à la main une longue lance à laquelle était attaché un drapeau blanc. À ses côtés, deux poursuivants d’armes sonnaient de la trompette, et à quelque distance, sur le chemin, se voyait une troupe nombreuse d’hommes armés, les uns d’arcs et de lances, le plus grand nombre portant des haches, des marteaux et des leviers.

Le baron de Brix parut sur les créneaux qui dominaient la porte. Il était armé de toutes pièces, et Alain, le casque en tête, comme lui, était à son côté.

À la vue du baron de Brix, les trompettes se turent. Le baron éleva la voix :

« Qui êtes-vous, sire chevalier ? dit-il, et que demandez-vous ?

– Je suis Hugo, seigneur de Ganneville, dit le chevalier, et je viens prendre possession du château de Brix et le démanteler par ordre du roi de France. Ouvrez-moi les portes à l’instant, messire Adam : ne m’obligez pas à avoir recours à la violence.

– Sire Hugo, reprit le baron, vous êtes mon voisin, et vous devez savoir mieux que personne que je suis sujet loyal et soumis du roi de France. La rébellion de mon fils ne peut m’être imputée. Pas un de mes vassaux ne l’a suivi : il est allé au siège de la Haye-Paisnel avec ses seuls Écossais, sujets de sa femme la comtesse d’Annandale. J’ai envoyé un messager à la reine régente, et elle est trop juste et trop bonne chrétienne pour ne pas révoquer une sentence inique, basée sur une erreur. D’ailleurs j’en appelle à l’Échiquier de Normandie. Je suis membre né de cette cour souve-