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de ses hôtes. On but au prochain retour du connétable et de son fils, à la santé du seigneur de Brix et de sa petite-fille, et à celle de Colette. À la prière du soir on ajouta trois alléluias, et Colette rêva toute la nuit qu’elle se faisait bâtir un manoir si haut, que sa girouette allait toucher les étoiles. Luce de Brix et Marie, qui couchaient dans la même chambre, causèrent jusqu’à minuit, et décidèrent les atours qu’il faudrait préparer pour les noces. Le sommeil des fils de Colette fut moins agité, mais ils rêvèrent aussi : Pierre qu’il disait sa première messe à Saint-Sauveur-le-Vicomte, Charlot et Georget qu’ils voyaient dans les prés du Val des poussinières de petits chevaux et de petites génisses qui croissaient à vue d’œil et galopaient partout.

L’aurore vint, et le jour amena les soucis.

V

LA COMTESSE D’ANNANDALE


À peine le premier rayon du soleil levant eut-il doré le faîte du donjon de Brix, qu’Alain le Noir, le vieil écuyer du baron Adam, fit baisser le pont-levis, sortit à cheval, et trotta vers le Val de Brix par le plus court chemin. Arrivé à cent pas de la ferme, Alain attacha son cheval à un arbre et s’avança à pied, cherchant des yeux à qui il pourrait s’adresser sans éveiller Mlle de Brix. Il ne tarda pas à voir Colette, levée la première, selon sa coutume, et qui ouvrait la porte à ses poules. Elle fit une exclamation de surprise en apercevant l’écuyer. Alain l’engagea à se taire, et, l’emmenant derrière le four, lui dit pourquoi il était venu.

« Voyez-vous, Colette, notre baron ne va pas bien. Il est tout endolori et à demi perclus depuis deux jours, et lorsqu’il est revenu du Val la dernière fois, j’ai dû le descendre