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pons au blanc-manger, et force gaufres et tourtes au miel et à la rose.

– À la bonne heure, ma fille, il faut maintenir les traditions d’élégance et d’hospitalité du château de Brix. Du temps de ma défunte baronne, on servait ici des repas aussi beaux que ceux des ducs de Normandie, et votre grand-mère y présidait avec la grâce et la dignité d’une reine. Mes trois fils m’entouraient alors, et le château retentissait du bruit des armes et des concerts des ménestrels. Que de morts, que de places vides, hélas ! Mais ne parlons plus du passé. Vous nous ramènerez les fêtes, ma belle Luce, et j’espère, avant de quitter ce monde, célébrer ici celle de vos noces.

– Voici messire Guillaume qui passe sur le pont-levis, dit Jouvine.

– Faites-lui dire que je l’attends ici, ma bonne Jouvine. »

Jouvine s’éloigna aussitôt, et Luce, s’asseyant aux pieds de son grand-père, appuya sa tête sur les genoux du vieillard et prit une de ses mains dans les siennes. Et sa longue robe blanche et sa chevelure dorée brillèrent d’un nouvel éclat, rapprochées des vêtements sombres et de la figure basanée du vieux guerrier.

II

LE CONNÉTABLE DE NORMANDIE



Guillaume du Hommet ne tarda pas à paraître : c’était un grand et beau jeune homme de dix-huit ans, aux cheveux bruns, à l’œil clair et brillant. Les roses dont il apportait un énorme bouquet n’étaient pas plus vermeilles que son jeune et fier visage. Le chaperon à la main, il s’avança après s’être incliné profondément dès son entrée dans le jardin, et vint s’agenouiller devant le baron, non sans échanger un