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baronne et au jeune abbé. Madeleine leva timidement les yeux et fut frappée de l’air vénérable de la douairière, et de l’expression vraiment angélique du visage de l’abbé. Du premier coup, elle se sentit attirée vers eux. Quant à la comtesse, tout à la fois ravie de voir sa belle-fille si jolie, et scandalisée de l’étrange idée qu’elle avait eue d’installer Minou-Minette sur son vertugadin, elle ouvrait la bouche pour gronder, lorsqu’un sixième personnage, qui n’avait pas dit un mot, tandis que la baronne et l’abbé s’espaçaient en compliments, s’écria de la voix la plus franche et la plus joyeuse :

« Oh ! Mademoiselle, que vous avez là un joli petit chat !

– N’est-il pas vrai, Monsieur ? dit Madeleine, c’est une petite chatte ; elle s’appelle Minou-Minette.

– Prêtez-la-moi, de grâce, dit le chevalier. Tenez, madame ma mère en avait une toute semblable, qu’elle aimait fort. »

Il prit Minou-Minette, l’embrassa, la caressa ; tout le monde parla de la petite chatte ; la glace était rompue. Une demi-heure après on fit collation, et lorsque, après le départ de la baronne et de ses fils, les parents de Madeleine lui demandèrent si elle accepterait pour son fiancé le vicomte d’Algueville, elle répondit naïvement que, s’il était aussi bon chrétien qu’il lui avait paru aimable, elle serait très contente de l’épouser.

L’hiver se passa joyeusement au château d’Algueville, et aussitôt que les cloches de Pâques eurent annoncé les fêtes printanières, on fit les apprêts des noces, et, le 1er mai, l’abbé d’Algueville maria les jeunes fiancés.